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Torse bombé, collier de munitions autour du cou, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov s’est récemment mis en scène dans son rôle favori, celui du chef de guerre davantage épris de réseaux sociaux que de champs de bataille. Dans une vidéo postée le 17 août sur sa chaîne Telegram, il s’exhibe au volant d’un Cybertruck de la marque américaine Tesla qu’il teste en faisant du rodéo dans les rues désertes de Grozny, la capitale de la Tchétchénie, un petit territoire au sud de la Russie sur lequel il règne en despote depuis dix-sept ans.
Affirmant avoir reçu le véhicule « du respecté Elon Musk », le directeur général de Tesla Motors, le général Kadyrov vante les prouesses de « cette bête, promise à une grande utilité pour nos soldats ». Le Cybertruck, qui a été customisé sur place avec une mitrailleuse lourde, sera envoyé en Ukraine, dit-il, pour les besoins de l’« opération spéciale » russe qu’il soutient ardemment. Une assertion ridicule, les bornes de rechargement électriques étant plutôt rares sur le front du Donbass, en Ukraine, et de Koursk, en Russie, où les unités tchétchènes censées sécuriser la frontière – par ailleurs plus présentes sur TikTok que sur le terrain – se sont laissé déborder par l’armée ukrainienne, qui a pénétré sur le sol russe, le 6 août.
Postée sur toutes les chaînes (Telegram, Instagram, YouTube) du « président » Kadyrov, lesquelles servent de relais à la propagande du Kremlin, cette mise en scène était un message de loyauté adressé à Vladimir Poutine, trois jours avant la visite du dirigeant russe à Grozny, où il est arrivé mardi 20 août.
C’était aussi un pied de nez à Elon Musk. Les contempteurs du fondateur de Tesla et de SpaceX ont immédiatement crié à la trahison. « West Point [la célèbre académie militaire américaine] a reçu Elon Musk, le 16 août [il y a prononcé un discours à l’occasion de la convention annuelle de l’institution], alors qu’il fournit à des ennemis sous sanctions de l’Amérique des véhicules prêts à être utilisés à des fins militaires. (…) Pourquoi l’académie chouchoute-t-elle un homme qui travaille ouvertement contre les Etats-Unis ? », s’est ainsi interrogé Seth Abramson, avocat, auteur et enseignant marqué à gauche, fort de 900 000 followers sur X.
La riposte d’Elon Musk a été cinglante. « Etes-vous vraiment attardé au point de penser que j’ai fait don d’un Cybertruck à un général russe ? C’est dingue », lui a répondu le DG de Tesla sur son compte X, le 18 août. Les affirmations de Ramzan Kadyrov, selon lesquelles le cybercamion était un cadeau du milliardaire américain ne sont guère crédibles. Ne serait-ce que parce qu’aucune Tesla n’est proposée à la vente en Russie, officiellement s’entend. De plus, le satrape tchétchène, qui est sous sanctions américaines depuis 2017 pour « exécutions extrajudiciaires, tortures ou autres violations flagrantes des droits de la personne », n’a aucune relation commerciale particulière avec Tesla.
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